Si le geste initial de Baptiste Debombourg se manifeste souvent par la destruction d’emballages, de meubles standard ou de verre feuilleté, le colmatage puis la fabrication d’objets ou d’environnements insolites à partir de ces éléments de rebus constituent l’acte central de sa pratique de sculpteur. Brisé, déchiré, démantelé, le support, auquel l’artiste accorde peu d’importance, est ensuite recomposé et ennobli au travers d’œuvres radicales et visuellement puissantes qui sous la forme d’abris de bus « accidenté », autel d’église en polystyrène ou Arc de Triomphe en cartons, réinventent notre quotidien avec ironie, distanciation, et parfois violence.
Les séries Turbo et Crystal Palace, desquelles découle l’installation monumentale présentée à l’Abbaye Brauweiler (Aérial) sont des œuvres in situ et éphémères que l’artiste envisage à partir du contexte historique et architectural d’un lieu : protubérance, hypertrophie, excroissance d’une paroi voire d’une pièce entière, les œuvres sculptées interrogent la mémoire des lieux, modifient notre perception de l’espace et nos codes de déambulation, et révèlent l’action insidieuse de l’environnement sur notre comportement et l’histoire qui en découle. Se définissant lui-même comme un « chercheur dans un laboratoire », Baptise Debombourg joue des citations artistiques (Marcel Duchamp notamment avec les œuvres Chez Marcel et Polybric), multiplie les expérimentations et les collaborations (la série Apollo réalisée avec Lionel Sabatté), aime « croiser les données, les informations, les outils et les matériaux », et reconnaît en véritable esthète la place de l’ornementation dans son œuvre. Pour un art qui concilie en une pluralité de gestes, sur-mesure et démesure, éphémère et immuable, trivialité et sublime.